Le projet ALL : présentation et enjeux mondiaux pour la dermatologie
All colors, all skins, all dermatoses : le projet ALL marque un tournant dans le monde de la dermatologie. Il s’agit d’un projet unique en son genre, car il a permis de constituer la plus grande base de données privées internationales.
Au total, ce sont 3,3 millions de données qui ont été récoltées concernant les maladies de la peau. Ce projet a été lancé en 2022 par le groupe Pierre Fabre avec l’aide de la société EMMA et présenté au public en juillet 2023. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le projet ALL.
Pourquoi le projet ALL est-il si important en dermatologie ?
À travers le monde entier, on recense plus d’une personne sur trois qui souffre d’une maladie de la peau. Les associations sont nombreuses en France et dans le monde entier à œuvrer pour donner des informations aux patients, les aider dans leur vie quotidienne et participer au développement de la recherche.
Un tiers de la population mondiale vit avec une maladie de la peau, dont :
- la dermatite atopique ;
- le psoriasis ;
- le vitiligo ;
- l’eczéma ;
- l’acné ;
- l’urticaire ;
- le prurit ;
- les troubles des cheveux et des ongles ;
- la rosacée ;
- etc.
Les maladies de la peau ont des conséquences dans la vie sociale et professionnelle, mais aussi dans l’estime de soi et le rapport des patients à leur corps. Les conséquences psychologiques sont réelles.
Malgré tout cela, il n’existe pas de solutions définitives pour ces maladies. Le projet ALL vise à récolter des données représentatives de la population mondiale afin de :
- mieux connaître ces maladies ;
- réaliser un état des lieux global de la prévalence de ces maladies ;
- lister les conséquences de ces maladies de la peau ;
- générer une prise de conscience de l’ensemble des acteurs.
Cette enquête à l’échelle mondiale est centrée sur l’expérience du malade, ses besoins et les impacts directs de la maladie dans la vie de tous les jours.
Le projet ALL : chiffres et méthodologie
Pour être efficace, le projet ALL devait fournir une photo représentative de la population mondiale et de l’impact des maladies de la peau. C’est donc un échantillon représentatif qui a été interrogé pour récolter l’ensemble de ces données.
Le projet ALL en chiffres, ce sont 50 552 participants issus des cinq continents et de vingt pays différents. Voici quelques exemples de la taille des échantillons par pays :
- 4 000 personnes en France ;
- 1 000 personnes au Danemark ;
- 300 personnes au Sénégal ;
- 2 500 personnes en Corée du Sud ;
- 2 500 personnes au Canada ;
- 4 001 personnes au Brésil ;
- 2 000 personnes en Australie ;
- 3 000 personnes en Inde ;
- etc.
Le principe des quotas a été utilisé afin de garantir la représentativité de l’échantillon. Ces quotas se basent sur l’âge, le genre, la région et le niveau de revenu.
Quels sont les premiers enseignements du projet ALL ?
Dévoilés en juillet 2023, les premiers résultats du projet ALL sont très instructifs. Ils révèlent l’impact réel d’une maladie de la peau dans la vie du patient ainsi que l’importance de ce type de maladies à l’échelle mondiale.
Ainsi, sur les 50 552 personnes interrogées, 41 % déclarent souffrir d’une maladie de peau. Il ne s’agit plus du tiers de la population, mais d’un chiffre qui se rapproche d’une personne sur deux. D’autres informations ont été mises à jour grâce au projet ALL. Sur l’ensemble des personnes interrogées :
- 60 % ont des sensations d’inconfort ;
- 45 % se sentent fatiguées ;
- 44 % souffrent de démangeaisons ;
- 41 % ont des difficultés à dormir ;
- 34 % se sentent découragées ;
- 27 % trouvent que la maladie affecte leur vie sexuelle ;
- 20 % se sentent rejetés par les autres ;
- 19 % ont l’impression d’être regardées avec du dégoût ;
- 11 % souffrent de douleurs cutanées.
Enfin, pour 42 % des personnes, la maladie de peau est une gêne au quotidien et pour 38 % des personnes, la maladie de peau est une gêne au travail.
Chacun de ces chiffres pris isolément révèle l’importance d’une maladie de peau dans la vie des patients. Additionnés, ces chiffres doivent permettre une prise de conscience globale afin de continuer à aider les patients et à faire avancer la recherche.
Le projet ALL donne la parole aux personnes atteintes d’une maladie de la peau. Il a fédéré autour de lui des associations de patients, mais aussi des leaders d’opinion de renommée internationale, comme des professeurs ou des dermatologues en France et dans le monde entier.
Véritable mise en lumière des patients et de leur combat pour lutter contre la maladie, le projet ALL est une formidable opportunité pour convaincre les pouvoirs publics d’accorder une plus grande place aux dermatoses, car elles touchent tout le monde, dans tous les pays. Les 3,3 millions de données récoltées seront étudiées dans le temps sur une période allant de 2023 à 2027 et promettent de faire avancer encore davantage la connaissance de la répercussion des maladies de peau dans la vie des patients.